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Formule 1 - Entre Renault et Alonso, un troisième mariage peut-il vraiment être raisonnable ?

Julien Pereira

Mis à jour 02/06/2020 à 16:35 GMT+2

SAISON 2021 – Sur le papier, l'idée d'une nouvelle union entre Renault et Fernando Alonso, envisagée par le directeur d'écurie Cyril Abiteboul, paraît alléchante. Dans la réalité, elle impliquerait des problématiques complexes.

Fernando Alonso (McLaren) lors du Grand Prix d'Abou Dabi 2018

Crédit: Getty Images

On ne l'avait jamais perdu de vue mais, à vrai dire, on croyait de moins en moins à son retour. Depuis qu'il a quitté la Formule 1, Fernando Alonso convoite la Triple Couronne, que seul Graham Hill a été capable de coiffer, comme pour démontrer qu'il est un peu à part. Il l'est : rares sont ceux qui, comme lui, ont laissé le sentiment que deux titres sur le curriculum vitae ne disaient pas tout de leur talent.
Au fond, un retour en catégorie reine, chez Renault, où Cyril Abiteboul a retenu sa candidature, confirmerait que l'Espagnol partage lui aussi ce ressenti. S'il avait eu le sentiment du devoir accompli, peut-être n'aurait-il jamais répandu l'éventualité de remonter dans un baquet de F1.
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Gasly : "Le retour d'Alonso ? Ce serait incroyable"

Revenir, oui, mais pour quoi faire ? Alonso avait quitté la compétition reine en partie parce qu'il ne supportait plus de lutter pour le milieu de peloton avec McLaren. "Fernando s'est désintoxiqué, il est motivé. Je le vois plus serein maintenant, et prêt à revenir", confiait récemment Flavio Briatore, qui l'a mené à ses deux sacres en 2005 et 2006, à la Gazzetta dello Sport.

L'expérience d'Alonso sera nécessaire à Renault… mais pas forcément suffisante

Qu'un champion de l'envergure du pilote d'Oviedo finisse par se résoudre à ne rouler pour rien d'autre que pour les places d'honneur serait presque une première dans l'Histoire de la F1. C'est pourtant bel et bien ce qui pourrait l'attendre en 2021. La R.S.20 a beau être plus aboutie que sa précédente version, elle ne compensera pas son retard sur Red Bull, Ferrari et Mercedes d'un coup de baguette magique.
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Fernando Alonso avec Renault, au Grand Prix d'Australie 2006

Crédit: Getty Images

Et à moyen-terme ? Le nouveau règlement technique, dont l'instauration a été repoussée à 2022, pourrait rebattre les cartes. Il fait d'ores et déjà miroiter un grand bond en avant à toutes les écuries, y compris Renault. Pour ne surtout pas manquer cette opportunité, le constructeur a complètement revu son organigramme et placé Pat Fry, ingénieur qu'Alonso a côtoyé chez Ferrari, à la tête de sa direction technique.
Bien sûr, il sera aussi important de disposer d'un pilote expérimenté pour réussir la transition, même si cela n'est, en rien, une garantie. Qu'on le veuille ou non, l'Espagnol est un champion d'une autre époque et les techniques de pilotage actuelles vont à l'encontre de celle, révolutionnaire - des coups de volant brutaux à la corde - qui lui avait permis de mettre fin à l'hégémonie de Schumacher.

Alonso, mutique dans la vitrine ?

Alonso n'a jamais caché son désamour pour la F1 ultra-moderne, devenue trop technologique à son goût, donc désagréable pour l'instinct de pilote. Au contraire de Kimi Räikkönen, longtemps concerné par le développement, le pilote d'Oviedo avait fini par s'en détacher.
Il y a cinq ans, lors d'un entretien accordé à diariodelweb.it, le légendaire directeur technique de la Scuderia, Mauro Forghieri, avait assuré que l'Espagnol était un "mauvais pilote d'essais" : "chaque année, après sa première journée de roulage avec sa nouvelle monoplace, il disait que tout était parfait avant de commencer à se plaindre quelques mois plus tard."
Les plaintes, justement : le caractère du double champion du monde pourrait lui aussi être incompatible avec l'actuel projet du constructeur français en F1. Chez McLaren, il avait humilié Honda en mondovision, qualifiant son bloc propulseur de "moteur de GP2" lors d'un conversation radio, en plein Grand Prix du Japon.

Un projet à moyen-terme pour un quadra

En 2016, Renault avait acté son retour en F1 parce qu'elle ne supportait plus les critiques publiques de Red Bull. Ces dernières semaines, des analyses de comptoir ont été balancées ici et là sur l'engagement en F1 du constructeur, qui traverse une crise économique considérable.
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Cyril Abiteboul, directeur de Renault F1, lors des essais de pré-saison de Barcelone, le 19 février 2020

Crédit: Getty Images

Pour le Losange, pourtant, l'enjeu est beaucoup moins financier que publicitaire. C'est bien la raison pour laquelle le tempérament du pilote est certainement plus problématique que ses prétentions salariales, dont on ne sait d'ailleurs pas grand-chose à l'heure actuelle, alors qu'il ne peut légitimement plus viser des émoluments aussi élevés que par le passé.
Pour faire accepter l'idée que ses activités en Formule 1 ne sont pas incompatibles avec la cure d'austérité par laquelle il doit passer, Renault doit retrouver les podiums au plus vite, donc redonner du sens à son projet sportif. Cela implique une mobilisation sur la durée, dont Daniel Ricciardo n'a pas voulu. Y parvenir avec Fernando Alonso, 40 ans en juillet 2021, serait un sacré contre pied, à l'heure où deux des trois écuries de pointe ne jurent que par leurs "baby drivers".
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"La signature d'Alonso risquerait de provoquer une révolution chez Renault"

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