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Handball/Mondial - Avant la demie France-Suède : Pour les Bleus, un everest à renverser dans le chaudron scandinave

Vincent Roussel

Mis à jour 27/01/2023 à 20:38 GMT+1

CHAMPIONNAT DU MONDE – A nouveau au rendez-vous des demies, l’équipe de France y retrouve ce vendredi (21h), pour la 3e fois en 3 ans, au même stade, la Suède, qui aura l’immense avantage d’évoluer chez elle à Stockholm. Battus lors de leurs deux derniers duels, les Bleus, diminués par des pépins en tout genre, devront réaliser un exploit immense pour se rapprocher d’un 7e titre planétaire.

Les joueurs de l'équipe de France, ici tout sourire après leur victoire en quart face à l'Allemagne, vont devoir relever un défi autrement plus corsé en demi-finale

Crédit: Getty Images

Si ce n’était cette sombre affaire autour du cas Bruno Martini, le ciel serait encore au grand bleu du côté du handball français. Pour la 14e fois lors des 16 dernières éditions, les Bleus ont atteint le dernier carré des championnats du monde en battant l’Allemagne mercredi. Une régularité qui, d’elle-même, se passe de commentaire. Mais qui prend encore plus de poids quand on sait qu'après les Tricolores, l’équipe à paraître le plus de fois dans le dernier carré depuis le Mondial en 1993, date de la première médaille glanée par une équipe de France de handball, ne l’a fait "que" six fois. Il s’agit… de la Suède, que les coéquipiers de Luka Karabatic affrontent ce vendredi (21h), pour la 3e fois en 3 ans à ce stade d’une grande compétition internationale.

Une enceinte à guichets fermés pour soutenir la Suède

Battus par deux fois, assez largement lors du précédent Mondial en Egypte (26-32), puis d’un rien lors de l’Euro en Hongrie l’an passé (33-34), les Tricolores ont une grosse envie de se rebeller. "Il y aura forcément un esprit de revanche des Français, admet Jérôme Fernandez, ancien international Français et consultant d’Eurosport. Mais les Suédois savent qu’ils peuvent les battre. Donc en plus avec le soutien de leur public…". C’est en effet dans une atmosphère qui promet d’être aussi chaude qu’hostile que les Français vont tenter de faire mentir le dicton qui veut que "jamais deux sans trois".
On va affronter une équipe aussi bien armée que nous, qui joue chez elle... Pour une fois, on y va avec la pancarte d’outsider.
Les 20 000 places de la Tele2 Arena (en configuration handball) de Stockholm seront toutes garnies de locaux avides de voir leurs compatriotes se rapprocher de ce titre Mondial qui les fuit depuis 1999, et l’époque dorée des "Bengan Boys". "Pour eux, ça fait partie des matches qu’ils avaient cochés pour aller au bout. Ils sont vice-champions du monde et champions d’Europe en titre, ils sont en pleine confiance et en plus ils jouent chez eux", énumère comme autant de raison d’avoir peur Fernandez, meilleur buteur de l’histoire des Bleus avec 1463 réalisations.
"On va affronter une équipe aussi bien armée que nous, qui joue chez elle, qui a accumulé de l’expérience sur ces deux dernières années. Pour une fois, on y va avec la pancarte d’outsider. Il faudra leur mettre la pression d’entrée pour que ce contexte se transforme en désavantage, faire une meilleure entame que face à l’Allemagne, parce que sinon on va prendre la foudre", prédit l’ancien entraîneur de Pays d’Aix. "Si on est dans le match jusqu’à la fin, peut-être que les ballons vont peser plus lourds pour eux que pour nous dans les dix dernières minutes", ajoute-t-il.

Les bobos, compagnons non désirés des Bleus au Mondial

Compétiteurs féroces, Vincent Gérard et les siens ont encore du mal à digérer ces deux podiums manqués lors des deux derniers grands rendez-vous internationaux. Aussi grandiose soit-il, l’or olympique glané à Tokyo il y a 2 ans et demi est déjà loin et les sextuples champions du monde ont donc faim de médaille.
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La France est encore au rendez-vous des demi-finales du championnat du monde

Crédit: Getty Images

Surtout qu’ils sont allés au bout d’eux-mêmes pour franchir, finalement avec brio, l’obstacle allemand en quart de finale, tandis que les blessures et les bobos continuent de gâcher leur aventure. Déjà, avant même l’envol des siens pour la Pologne, Guillaume Gille déplorait plusieurs absences majeures (N’Guessan, Descat, Konan, Kounkoud, Pardin), auxquelles se sont ajoutées les forfaits de plusieurs jeunes talents (Mine, Villeminot).
Depuis le début de la compétition, Emmanuel Bidet, le médecin de l’équipe de France, et les kinés, ont eu du pain sur la planche. Peu après l’arrivée en Pologne, c’est Luka Karabatic, pilier de la défense, et l’ex-capitaine Valentin Porte qui sont restés sur le flanc. Puis c’est l’artilleur Dika Mem qui a dû gérer des contractures aux abdominaux, loupant quatre rencontres, certes pas essentielles pour la qualification.
Cette semaine, l’explosif Thibaut Briet s’est blessé à la main, tandis que Nikola Karabatic s’est retrouvé en délicatesse avec l’un de ses pieds- ce qui l’a d’ailleurs obligé à rester sur le banc lors de la deuxième période du quart de finale –alors que Elohim Prandi, lui, doit supporter une cheville gauche douloureuse après une torsion intervenue sur un repli défensif en fin de match face à l’Espagne.
Par rapport à ce qu’on a connu auparavant, que ce soit le match d’ouverture face à la Pologne ou l’Espagne et l’Allemagne, ce sera largement un cran au-dessus
Du coup, Guillaume Gille ne peut compter sur aucun arrière gauche- hormis Romain Lagarde, très peu utilisé depuis le début -à 100% pour ce match charnière. De quoi venir fragiliser l’édifice tricolore ? "Ça va être compliqué de gagner ce match si on n’a pas au moins un arrière gauche qui fait un gros match", reconnaît Fernandez, pour qui la courte absence de Dika Mem a aussi pesé sur le rendement de l’arrière droit en Pologne, en témoigne son manque de réussite face à Andreas Wolff (3/7 au tir).
Les joueurs, en tout cas, affirment être prêts à aller jouer avec les limites de leur corps pour finir sur la plus haute marche du podium : "Je vais continuer, car j’ai envie d’aider ce groupe à avancer dans le Mondial. Avec l’adrénaline, de toute façon, je ne sentais pas grand-chose pendant le match", a ainsi déclaré Elohim Prandi après le quart de finale, mercredi, au sujet de son articulation.
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L'apport, des deux côtés du terrain, du pivot Ludovic Fabregas, ici au tir face à l'Allemagne en quart, sera décisif

Crédit: Getty Images

Pour Jérôme Fernandez, il n’y a pas de recette miracle : "Pour passer, il faudra faire notre meilleur match de la compétition, que tout le monde apporte sa pierre à l’édifice. Par rapport à ce qu’on a connu auparavant, que ce soit le match d’ouverture face à la Pologne, la Slovénie ou l’Espagne et l’Allemagne, ce sera largement un cran au-dessus". "La montagne est très, très haute", image l’ancien arrière gauche, pour qui de bonnes prestations des cadres comme Nedim Remili, à un haut niveau depuis le début de l’aventure, seront indispensables, "parce que pour les autres, la pression va être forte". Façon de dire que les moins expérimentés, s’ils ne sont pas mis dans de bonnes dispositions, pourraient finir par se noyer dans l’océan de ferveur scandinave.
Si on a un jeu minimaliste avec beaucoup de shoots de loin...
La solution passera, en partie, par la capacité des Bleus à innover et à multiplier les schémas en attaque. Depuis le début de la compétition, les pivots Ludovic Fabregas et surtout Nicolas Tournat, se montrent intraitables devant la cage adverse. Mais il faudra aussi "réussir à amener les ballons aux ailes, insiste Fernandez. Si on a un jeu minimaliste avec beaucoup de shoots de loin, vu que les Suédois sont très à l’aise dans leur défense aplatie (en 0-6) et leur relation avec le gardien…".
Andreas Palicka (40% de tirs repoussés en moyenne sur ce Mondial), auteur d’un arrêt à la dernière seconde face à Fabregas lors de l’Euro 2022, sera particulièrement à surveiller, lui qui a éteint tout seul les Egyptiens en quart de finale. "Face à l’Allemagne, Remi (Desbonnet) a répondu au soutien de Vincent Gérard. Mais là, on aura besoin d’un grand Vincent pour rivaliser avec eux. Ça peut se jouer au nombre d’arrêts de gardien", pense l’homme aux 4 médailles d’or mondiales avec les Bleus.

Au bon souvenir de la Croatie...

Les co-organisateurs de la compétition doivent tout de même faire avec un énorme pépin de dernière minute : le forfait de leur star Jim Gottfridsson. Le demi-centre, qui avait fait si mal aux Français l’an passé (9 buts, meilleur buteur du match), s’est fracturé la main gauche mercredi et laissera un grand vide dans l’effectif. "Ils ont de quoi combler son absence. Notamment Felix Claar, qui est un garçon talentueux et dangereux". N'oublions pas aussi de citer les ailiers Hampus Wanne, Lucas Pellas et Niclas Edberg, ou l'arrière gauche Eric Johansson, meilleur réalisateur suédois avec 33 buts (à 63% de réussite). "Il ne faudrait pas que cette blessure les soude encore plus", redoute même Jérôme Fernandez.
Habituée à lutter contre les vents contraires et la malchance depuis un mois, l’équipe de France prendra ce petit coup de pouce avec bonheur, prête à devoir renverser un ogre porté par tout un peuple. Dans sa glorieuse histoire, la nation aux trois titres olympiques a connu pareille situation, ou presque, en 2009, déjà lors d’un Mondial. Promise à l’enfer, elle avait battu en finale la Croatie de la légende Ivano Balic chez elle et fait taire une Arena de Zagreb tout aussi volcanique, si ce n’est plus. Alors, bis repetita ce samedi ?
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