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Retour d'enfer, retour du Kid et chef-d'oeuvre absolu : Le Top 100 de l'US Open (70-61)

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 04/09/2020 à 14:31 GMT+2

US OPEN - Nous continuons de remonter dans notre classement des 100 rencontres les plus marquantes de l'US Open dans l'ère Open chez les messieurs. Dans le 4e volet, ce jeudi, des tie-breaks du 5e set à gogo, les renaissances de Tommy Haas et Andre Agassi, et le joyau de Stefan Edberg en conclusion de l'édition 1991.

Le Top 100 de l'US Open - 4e partie

Crédit: Eurosport

Dossier réalisé par Laurent Vergne, Maxime Battistella et Rémi Bourrières

70. Jimmy Arias - Yannick Noah

Edition : 1983
Quart de finale
Vainqueur : Jimmy Arias (Etats-Unis)
Adversaire : Yannick Noah (France)
Score : 7-6, 4-6, 6-3, 1-6, 7-5
Avant l'émergence du duo Agassi-Courier quelques années plus tard, le début des années 80 a vu débouler deux bolides de l'écurie floridienne de Nick Bollettieri : Aaron Krickstein et Jimmy Arias. Des deux, Arias est celui que tout le monde voyait aller le plus haut. Tout en haut, même. Passé pro à 16 ans en 1980, il connaît sa meilleure saison trois ans plus tard. L'Américain l'achèvera à la 6e place mondiale.
Son heure de gloire, il la connaît lors de l'US Open, cette même année 1983. En quarts de finale, Arias affronte un certain Yannick Noah, vainqueur de Roland-Garros trois mois plus tôt. Gros frappeur, pas loin d'être révolutionnaire à l'époque, le jeune Arias, fils d'un ancien footballeur professionnel ayant évolué en Espagne et à... Cuba, a appris à canaliser ses émotions.
A 13 ans, lassé de le voir balancer ses raquettes de colère, Bollettieri lui a imposé un défi : "écris une dissertation de 1 000 mots pour m'expliquer pourquoi tu casses tes raquettes et ce que ça t'apporte. Si je susi convaincu, tu pourras continuer à te comporter comme ça." "Je me suis rendu compte comme ça que j'étais ridicule et j'ai arrêté de m'énerver", explique Arias.
Maintenant, il est prêt. Dans ce tournoi surprenant, qui a vu John McEnroe tomber sous les balles de Bill Scanlon en huitièmes, Arias cause à son tour une sensation en sortant Noah au bout d'un match à suspense, 7-5 au 5e set. Le Français a fait le show, signant notamment un lob joué… main dans le dos, qui surprend son adversaire. Au tour précédent, Noah, face à l'autre Baby Bollettieri, Aaron Krickstein, a signé un autre coup devenu fameux : un coup droit joué entre les jambes. S'il ne fut pas le premier à utiliser le "tweener", Noah est celui qui va le populariser.
Mais contre Arias, ses tours de passe-passe ne suffisent pas. Battu, Noah a peut-être laissé passer sa plus belle occasion new-yorkaise. Jimmy Arias, lui, devient le plus jeune demi-finaliste de l'US Open depuis le début de l'ère Open. Donald Budge, auteur du Grand Chelem en 1938, s'emballe. Malgré la présence de Connors et Lendl, il en fait alors "le favori pour la victoire finale". "Je ne pense pas être encore capable d'aligner trois gros matches de suite", tempère Arias. A raison. Lendl va le balayer en trois manches. Ce bon vieux Jimmy, laminé par des blessures, ne dépassera plus jamais les huitièmes en Grand Chelem et sa carrière sera assimilée à un grand gâchis. Reste cet US Open 1983 et ce match fiévreux contre Noah en night session. Son moment privilégié.

69. Kei Nishikori – Stan Wawrinka

Edition : 2014
Quart de finale
Vainqueur : Kei Nishikori (Japon)
Adversaire : Stan Wawrinka (Suisse)
Score : 3-6, 7-5, 7-6(7), 6-7(5), 6-4
La dimension psychologique du tennis a quelque chose de fascinant. Et la bataille livrée par Kei Nishikori et Stan Wawrinka ce 3 septembre 2014 en quart de finale en fut l’un des nombreux exemples. Tout dans les faits et les statistiques faisait pencher la balance du côté suisse : celui qui était devenu "Stanimal" quelques mois plus tôt à Melbourne avait remporté leurs deux duels précédents, était plus expérimenté à ce stade de la compétition et était surtout plus frais physiquement. Mais contre vents et marées, le Japonais a tenu la barre vers sa première demi-finale en Grand Chelem.
Deux jours plus tôt, il avait pourtant largement puisé dans ses réserves pour se défaire, déjà en cinq manches, de Milos Raonic sous les coups de 2h26 du matin heure locale, record égalé à New York. "J’ai un peu souffert du décalage horaire", plaisantera-t-il d’ailleurs, malicieux après sa victoire. Avant d’ajouter : "Non, ça va. Mon corps va bien."
Et sur le court, Nishikori l’a prouvé, malgré un départ difficile et un premier set rapidement abandonné. Une fois la machine mise en route, il tient tête à un Wawrinka aussi éblouissant par séquences que généreux avec son adversaire (68 coups gagnants pour 78 fautes directes).
Sens dessus dessous, la partie va de rebondissement en rebondissement. Mené 5-2 dans le 3e set, le Vaudois revient avant de céder dans le tie-break, puis dans la 4e manche, Nishikori se retrouve à deux points du match dans le jeu décisif, avant de le laisser filer. Mais exceptée sa fatigue évidente, le Nippon ne montre rien quand Wawrinka, trop perfectionniste, s’agace de la moindre erreur.
Exténué après 4h15 d’efforts (8h34 en trois jours), Nishikori ne laisse apparaître qu’un léger sourire après avoir conclu sur le service adverse. Le Japonais mettra ensuite bien à profit ses deux jours de repos pour accomplir un exploit plus retentissant encore en demi-finale face à Novak Djokovic pour le dernier "Super Saturday" de l’histoire du tournoi.

68. Vitas Gerulaitis - Ivan Lendl

Edition : 1981
Huitième de finale
Vainqueur : Vitas Gerulaitis (Etats-Unis)
Adversaire : Ivan Lendl (Tchécoslovaquie)
Score : 6-3, 6-4, 3-6, 3-6, 6-4
Parfois, les organisateurs se trompent. En choisissant de programmer ce huitième de finale entre Vitas Gerulaitis et Ivan Lendl sur le Grandstand, et non sur le central Louis-Armstrong, ils ont effectué une mauvaise pioche. Ce match sera le plus beau d'une édition 1981 pourtant pas chiche en moments mémorables. "Il est regrettable qu'un public plus large n'ait pas pu profiter de ce spectacle brillant, vivant et excitant", écrira Neil Amdur dans le New York Times.
Tant mieux pour les 6 000 privilégiés du regretté Grandstand. 6 000 et même un peu plus : au fil des jeux, le bouche à oreille de ce petit bijou provoque un attroupement sur les côtés du court, chacun essayant sur la pointe des pieds de profiter du moment.
C'est la quinzaine du grand retour pour Gerulaitis, une des idoles de Flushing. Sa saison 1981, très décevante, l'a vu plonger au classement. Pour la première fois depuis des lustres, il n'est même pas tête de série. Lendl, à l'inverse, suit une trajectoire irrésistiblement ascendante. Après avoir atteint sa première finale de Grand Chelem à Roland-Garros, où il a poussé Borg au 5e set, le voilà numéro 3 mondial. Mais Gerulaitis est ressuscité.
L'Américain, offensif et agressif, prend son jeune adversaire à la gorge. Il mène rapidement deux manches à rien. Puis Lendl, trouvant sa cadence en coup droit, profite d'un coup de moins de bien de Gerulaitis pour revenir à hauteur. On croit l'ange blond cramoisi, mais il se refait la cerise dans le 5e set. Après avoir manqué deux balles de break à 2-2, il en jette sa raquette de dépit, mais dans le 7e jeu, à 30-40, il ne laisse pas passer sa chance. Derrière, il ne tremble pas. D'un dernier revers gagnant, il achève sa proie. C'est du délire sur le Grandstand, alors le court le plus bouillant de Flushing.
Vitas envoie des baisers à la foule, sort sur une ovation colossale. "The boy is back", lance-t-il au public. Mais il a gardé un chien de sa chienne aux journalistes qui l'avaient enterré : après une douche rapide, "Geru" saute dans sa Rolls jaune et quitte Flushing sans passer par la case conférence de presse...

67. Stefan Edberg - Jim Courier

Edition : 1991
Finale
Vainqueur : Stefan Edberg (Suède)
Adversaire : Jim Courier (Etats-Unis)
Score : 6-2, 6-4, 6-0
C’est l’histoire d’une douce revanche. Celle de Stefan Edberg contre Flushing Meadows, qui se refusait inexplicablement à lui jusqu’alors. L’élégant Suédois n’avait pas fait mieux que deux demi-finales (1986, 1987) sur les courts durs rapides de New York pourtant taillés sur mesure pour un attaquant de sa classe. Il avait même touché le fond en 1990, passant totalement à côté de son sujet face au Russe Alexander Volkov au 1er tour, alors même qu’il débarquait outre-Atlantique auréolé de son nouveau statut de numéro 1 mondial.
Edberg avait toutes les difficultés du monde à apprivoiser le tumulte de Flushing, son trafic aérien incessant et le brouhaha constant de son public dissipé, qui se mariait mal, concédons-le, avec le calme olympien et le fair-play du bonhomme. Mais en cette année 1991, le Suédois s’est donné les moyens de ses ambitions, louant même une maison à Long Island pour se mettre dans les meilleures conditions possibles. En résulte un tournoi parfait ou presque, notamment à partir des huitièmes de finale. Michael Chang, Emilio Sanchez, Ivan Lendl et donc Jim Courier ne parviennent pas à lui ravir le moindre set.
La finale est le clou de ce tennis total. Pourtant en pleine ascension, vainqueur de Roland-Garros, Jim Courier est réduit au rang de sparring-partner. "On m’a déjà battu à plate couture avant, mais c’est la pire raclée que j’ai prise cette année. Il rendait mes coups inoffensifs. J’ai à peu près tout tenté. J’ai essayé de changer un peu la cadence, d’enchaîner service-volée, mais à chaque fois que je lui ai donné une ouverture, il s’est engouffré dedans", confiera le jeune Américain plus sonné que déçu. Arrivé en finale sans perdre la moindre manche et en concédant seulement 7 fois son service, il se fait breaker à 6 reprises en à peine plus de deux heures.
Edberg, lui, vit un rêve éveillé. "C’est dur à croire. J’arrivais à mettre la balle exactement où je voulais", s’en étonnera-t-il. Services placés à la perfection, volées tranchantes, lobs et autres passings liftés, tout y passe. Dans la "zone", rien ne peut lui arriver dans la quête de ce 5e titre du Grand Chelem personnel. A-t-on déjà mieux joué en finale de l’US Open que lui ce jour-là ? La question mérite d’être posée, tant le festival offensif du Suédois ravit les mirettes. Courier, lui, retiendra bien la leçon : le Floridien ne perdra plus le moindre match face à Edberg par la suite.

66. Dennis Ralston - Rod Laver

Edition : 1970
Huitième de finale
Vainqueur : Denis Ralston (Etats-Unis)
Adversaire : Rod Laver (Australie)
Score : 7-6, 7-5, 5-7, 4-6, 6-3
C'est incontestablement la sensation de l’édition 1970. Tenant du titre et tête de série numéro 1 sur le gazon de Forest Hills, Rod Laver est l’un des favoris à sa propre succession, lui qui a même réalisé le Grand Chelem calendaire l’année précédente, et ce pour la deuxième fois de sa carrière après 1962. La saison en cours est certes moins prolifique en Majeurs – il n’a disputé que Wimbledon où il s’est arrêté en huitième de finale – mais difficile alors d’imaginer "Rocket" chuter face à la tête de série numéro 19 du tournoi Dennis Ralston.
Pourtant, l'Américain lui avait déjà posé des problèmes par le passé : sur la même scène et au même stade en 1969, il avait fallu 5 sets à Laver pour l’emporter. Et "Dennis the Menace", comme on le surnommait plus jeune, n’a pas sa langue dans sa poche : "Il est sur le déclin", ose-t-il à propos de son prestigieux adversaire avant leur duel. La réplique de l’Aussie fuse, avec un trait d’esprit. "Je viens de remporter quatre des cinq derniers tournois que j’ai disputés. Je suis satisfait de décliner de cette manière."
Mais devant les 8 373 spectateurs qui se sont pressés pour voir le match, Ralston assume. Il mène deux sets à zéro, gérant bien mieux que Laver la nouvelle règle du tie break à 6-6, dit de la mort subite (à 4-4, celui qui remportait le point gagnait le set). "Au 2e set, je craignais tellement d’avoir à disputer un second tie-break que ça m’a empêché de me concentrer pour gagner le set sans qu’on y ait recours. Mais Dennis a merveilleusement bien joué", confiera d’ailleurs la tête de série numéro 1 déchue, non sans avoir presque réussi à renverser la vapeur.
Dans ce match de grande qualité et très tendu, il aura craqué une fois de trop pour offrir le break décisif à Ralston sur une double faute à 3-4 dans la manche finale. Si le tie-break est depuis entré dans les mœurs, nombreux étaient alors, à l’instar de Laver, les détracteurs de cette invention qui allait changer la face du jeu. "La tension nerveuse provoquée par ce brutal changement de valeur des points est trop forte. Je risque l’infarctus et je suis persuadé que je dépense beaucoup plus d’énergie au cours de ces huit ou neuf points que durant les douze premiers jeux du set", glisse ainsi le malicieux et légendaire Pancho Gonzales.

65. Petr Korda - Pete Sampras

Edition : 1997
Huitième de finale
Vainqueur : Petr Korda (République tchèque)
Adversaire : Pete Sampras (Etats-Unis)
Score : 6-7(4), 7-5, 7-6(2), 3-6, 7-6(3)
Flushing fut l’un des terrains de jeu favoris de Pistol Pete. C’est sur la scène new-yorkaise que le Californien avait donné un aperçu de sa future domination à 19 printemps en allant y chercher son premier titre en Grand Chelem en 1990. Sept ans plus tard, c’est en tant que double tenant du titre en quête de triplé qu’il s’y représentait.
Favori donc ? Oui, et pas qu’un peu à en croire la télévision américaine qui présentait ainsi les choses : "C'est le mois de septembre, l'école reprend, Pete Sampras gagne l'US Open." Mais un talentueux Tchèque en a décidé autrement, à la surprise générale, au terme d’une bataille de plus de trois heures et demie interrompue à deux reprises par la pluie.
Pete Sampras restait sur cinq victoires d’affilée contre Petr Korda, mais il l’avait déjà échappé belle deux mois plus tôt à Wimbledon, également en huitième de finale (victoire en cinq manches), avant de conquérir son 4e titre sur le gazon anglais. Et malgré un set et un break d’avance, l’incontesté numéro 1 mondial voit peu à peu le match lui échapper, étourdi par les somptueux revers du gaucher tchèque. Mal en point en début de quatrième, Sampras profite d’une averse pour repartir du bon pied et changer la dynamique pour de bon. Du moins le croit-on…
Mené 3-0, Korda hausse son niveau à des hauteurs rarement vues, surtout côté revers. Les débats se prolongent jusqu’à un tie-break décisif dans la nuit new-yorkaise. Et l’inconcevable quelques heures plus tôt se produit : pilonné sur son revers, le roi Sampras se fait hésitant, il craque même avec une double faute qui offre quatre balles de match à son adversaire.
Deux points plus tard, "Woodpecker" comme le surnomment ses collègues, réalise l’exploit de la quinzaine. "S'il n'a pas joué le match de sa vie, alors Korda gagnera le tournoi", prophétise un John McEnroe estomaqué en position de commentateur. La performance restera malheureusement sans lendemain pour le Tchèque, contraint à l’abandon contre Jonas Björkman au tour suivant.

64. Aaron Krickstein - Stefan Edberg

Edition : 1988
Huitième de finale
Vainqueur : Aaron Krickstein (Etats-Unis)
Adversaire : Stefan Edberg (Suède)
Score : 4-6, 7-6(4), 7-6(2), 4-6, 7-5
Un vrai paradoxe, cet Aaron Krickstein. Le match qui demeure dans sa carrière, c'est une défaite en cinq sets. A l'US Open, contre Jimmy Connors, en 1991. Pourtant, l'Américain a été une vraie terreur des cinq manches. Notamment à Flushing. En 1988, en huitièmes de finale, il se paie Stefan Edberg, tout juste auréolé de son titre à Wimbledon. C'est alors la 6e fois que Krickstein joue, et gagne, une rencontre s'étirant jusqu'au 5e set à New York.
Edberg aussi fait figure de paradoxe. Avant de signer un magistral doublé à Flushing, il y a longtemps accumulé les déboires. Pour tout un tas de raisons, il ne se sentait pas à l'aise dans le Queens. Encore moins de nuit. Comme lors de ce duel contre Krickstein, au cours duquel il ne va cesser de s'agacer, de se frustrer, de secouer la tête de dépit, voire de dégoût, allant même jusqu'à balancer quelques balles de colère. Krickstein, lui, se régale, devant un Louis-Armstrong bondé et tout acquis à sa cause. Alors l'impavide joue les Connors, donne du "fist pump" et du come on à gogo. Et ça marche.
Quel combat acharné en tout cas. Edberg, le meilleur serveur des deux, perd deux tie-breaks consécutifs. On le croit relancé lorsqu'il arrache le 4e set sur un break à 5-4, mais il cède son service dans la foulée dès le 1er jeu de la dernière manche. Ce n'est que le début d'un scénario assez fou. Le Suédois va recoller rapidement puis obtenir trois balles de break à 4-3. En vain. A 4-4, Krickstein signe le break décisif, croit-on. Mais il cale au moment de servir pour le match. Qu'à cela ne tienne, il reprend le service d'Edberg à 5-5 et, cette fois, va réussir à conclure. Un des 5e sets les plus fous de l'ère moderne.
Une victoire épique, "le plus grand moment de ma carrière", jure sur le coup le jeune Krickstein. Il n'avait encore que 21 ans, même s'il bourlinguait sur le circuit depuis l'adolescence. Mais en quarts de finale, le natif du Michigan allait caler à la surprise générale contre Darren Cahill. Sa première défaite en cinq sets à Flushing…

63. John McEnroe - Mats Wilander

Edition : 1985
Demi-finale
Vainqueur : John McEnroe (Etats-Unis)
Adversaire : Mats Wilander (Suède)
Score : 3-6, 6-4, 4-6, 6-3, 6-3
Après une saison 1984 stratosphérique, John McEnroe voit la lente érosion du déclin lui mordre les jarrets l'année suivante. Oh, au départ, ce n'est pas franchement perceptible. Lors de cette année 1985, le génial Américain remporte encore 8 tournois dont les deux gros rendez-vous estivaux de l'été nord-américain, en dominant les deux fois Ivan Lendl en finale.
Bref, en débarquant à l'US Open, celui qui est d'ailleurs toujours n°1 mondial est considéré comme favori, même si sa lourde défaite face à Kevin Curren en quart de finale à Wimbledon, où il avait disputé la finale des cinq précédentes éditions, a interpellé.
A New-York, l'Américain manque de disparaître d'entrée face au 172e mondial, l'Israélien Shlomo Glickstein, ne s'en sortant qu'au tie break du 5e set. Il reprend ensuite son rythme de croisière pour s'offrir une revanche en demi-finale face à Mats Wilander, qui l'a battu au même stade à Roland-Garros.
Le match entre le génial attaquant et le cérébral défenseur se dispute dans des conditions terribles, le thermomètre allant jusqu'à afficher 47° C au cœur du 4e set. Un 4e set lors duquel McEnroe est au bord du gouffre, dans tous les sens. Il est mené 2 sets à 1, 2-0 par le Suédois qui épate par son tennis étonnamment tourné vers le filet, une vocation nouvelle qu'il s'est découvert lors de sa victoire en finale de Roland-Garros contre Lendl. Mais, alors qu'il semble pris de vertiges, McEnroe recouvre in extremis la plénitude de son génie pour l'emporter finalement en 5 sets - après avoir encore été mené 2-0 au 5e – et 3h49 de jeu.
Le lendemain, il le paiera en finale contre Lendl, qui l'expédie en 3 petits sets et lui chipe sa place de n°1. Les conséquences de la fatigue, sans aucun doute. Mais McEnroe a aussi donné l'impression de n'avoir plus tout à fait son "killer instinct" d'antan. Il est amoureux de l'actrice Tatum O'Neal, qui n'a dit-on pas une hygiène de vie très compatible avec celle d'un sportif de haut niveau. Il commence aussi à s'émousser face à l'avènement des raquettes en graphite et l'accélération du jeu qui en découle, l'obligeant à faire plus d'efforts pour déployer ses entrechats au filet.
La vérité est que John McEnroe n'est plus le même. On le comprendra en 1986, lorsqu'il s'offrira un long break pour devenir mari et père. Nul ne le savait encore mais ce succès face à Wilander lui a permis de se qualifier pour sa dernière finale du Grand Chelem. A seulement 26 ans...

62. Andre Agassi - Michael Chang

Edition : 1994
Huitième de finale
Vainqueur : Andre Agassi (Etats-Unis)
Adversaire : Michael Chang (Etats-Unis)
Score : 6-1, 6-7(3), 6-3, 3-6, 6-1
"A chaque fois que l'on se joue, peu importe l'endroit où la surface, il y a toujours un surcroît d'intensité entre nous." Michael Chang résume ainsi la rivalité qui l'oppose à Andre Agassi dans les années 90. A chaque Agassi-Chang, c'est un peu l'Amérique entre elle, une opposition totale de styles et de caractères. Et l'impossibilité pour le public de ne pas prendre partie.
Cette rivalité atteint son paroxysme le lundi 5 septembre 1994 sur le stadium Louis-Armstrong, qui est encore le central de l'US Open. Les deux hommes, qui se sont partagés les deux "Super 9" nord-américains de l'été (Toronto pour Agassi, Cincinnati pour Chang), sont en pleine forme. Opéré 1993 d'une tendinite au poignet, le "Kid" n'est que 20e mondial mais rejoue à un très haut niveau, avec en plus une arme secrète dans son box : sa petite amie et future épouse, l'actrice Brooke Shields - dont le grand père a lui-même été finaliste aux Internationaux des Etats-Unis en 1930 – attraction n°1 du clan de l'Américain.
L'âpreté des échanges durant plus de trois heures est d'autant plus exceptionnelle que l'ambiance est magnifique. Deux fois en tête au score, deux fois repris, Agassi porte une nouvelle accélération au début du 5e illustrée par deux points fantastiques : un passing de coup droit qui contourne le filet et une volée réflexe insensée. "C'est un match que je n'aurais jamais gagné il y a un an et qui me permet de penser que je peux gagner ce tournoi", dit-t-il.
Quelques jours plus tard, il sera exaucé, entretenant du même coup la "malédiction" Chang à New York où, entre 1991 et 1997, il s'est incliné 6 fois sur 7 face au futur vainqueur.

61. Tommy Haas - James Blake

Edition : 2007
Huitième de finale
Vainqueur : Tommy Haas (Allemagne)
Adversaire : James Blake (Etats-Unis)
Score : 4-6, 6-4, 3-6, 6-0, 7-6(4)
James Blake aura eu une histoire d’amour contrariée avec Flushing Meadows. Il y a souvent électrisé les foules lors de combats titanesques en "night session", mais le dénouement lui a presque systématiquement été contraire. Deux ans après avoir cédé au tie-break de l’ultime manche face à son glorieux compatriote Andre Agassi en quart de finale, il a ainsi subi le même sort en huitième contre Tommy Haas dans un match au niveau de jeu ébouriffant.
Ce 3 septembre 2007, les fans new-yorkais en ont eu pour leur argent sur le court Arthur-Ashe et ont eu bien des raisons d’être encore plus bruyants qu’à l’accoutumée. Pendant plus de trois heures et quart, Haas et Blake ont joué aux artistes associés, aussi percutants l’un que l’autre avec leur tennis de puncheurs à revers à une main : 144 coups gagnants pour 77 fautes directes, le ratio, quasiment équitablement réparti entre les deux, en dit long.
Mené deux sets à rien, Haas prend feu en début de quatrième acte et enchaîne huit jeux pour compter un break d’avance dans la 5e manche. Mais le meilleur reste à venir : Blake se rebelle, débreake et obtient même trois balles de match à 4-5 sur le service adverse, toutes écartées par des coups de canon du serveur allemand. Le paroxysme est atteint à 3 points partout dans le tie-break quand Haas remporte une échange inouï en exécutant deux lobs sublimes en revers. "Quel point ! Je crois que si je l’avais perdu, le public serait devenu encore plus dingue. Ça lui aurait peut-être donné l’avantage."
Malgré cette défaite cruelle, Blake fait bonne figure au filet, car la trajectoire de son vainqueur, revenu de l’enfer après deux opérations à l’épaule, lui rappelle la sienne (il s’était fracturé les vertèbres cérébrales à l’entraînement en 2004, NDLR). "Beaucoup de docteurs disaient qu’il ne serait plus jamais le même. Il est revenu, a fait son retour dans le top 10 et joue à son meilleur niveau. C’est quelqu’un qui a fait ce que j’ai fait avant que je ne le fasse." L'accolade fut donc aussi chaleureuse que le match spectaculaire.
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