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Wimbledon - Après le sacre de Carlos Alcaraz face à Novak Djokovic : La passation de pouvoir est-elle définitive ?

Cyril Morin

Mis à jour 17/07/2023 à 19:13 GMT+2

Ce dimanche, Carlos Alcaraz a écrit l'une des pages marquantes de l'histoire récente en mettant fin au règne de Novak Djokovic à Wimbledon dans une finale épique, conclue en cinq sets. Alors que leur affrontement à Roland-Garros avait donné l'impression que la marge du Serbe était encore réelle sur l'Espagnol, cette finale pose les bases d'un nouvel ordre mondial. Définitivement ?

Novak Djokovic félicite Carlos Alcaraz après leur finale épique à Wimbledon (2023)

Crédit: Imago

Peut-on parler d'acte de naissance ? A première vue, la question semble stupide. Un acte de naissance pour un numéro un mondial qui a déjà gagné un Grand Chelem, battu Rafael Nadal et Novak Djokovic dans un même tournoi et remporté 12 tournois en carrière deux mois après avoir soufflé sa 20e bougie, c'est sans doute tiré par les cheveux. Pourtant, ce dimanche, Carlos Alcaraz a vécu un match qui l'inscrit dans une autre catégorie.
Dans l’affaire, l'identité de sa victime finale importe presque autant que la victoire en elle-même. Plutôt qu'un acte de naissance, ce sacre à Wimbledon est une preuve définitive de son nouveau statut. Gagner face à Djoko, en cinq sets, sur son court préféré, en lui chipant un tie-break et en ne tremblant pas au moment de conclure place Alcaraz dans une sphère qui lui est propre.
Parce que son succès le met déjà devant tous les autres membres de la "NextGen" - et des générations suivantes - en nombre de titres du Grand Chelem. Parce que sa victoire face à Djokovic en finale le fait rentrer dans le cercle très exclusif des vainqueurs de finale majeures face au Big Four où ne figuraient jusque-là que Juan Martin Del Potro, Stan Wawrinka et Daniil Medvedev. Parce qu'il égale Rafael Nadal et Boris Becker et leur double couronne en Grand Chelem avant 21 ans (Mats Wilander et Björn Borg en avaient respectivement 4 et 3 sur ce temps de passage). Parce qu'au-delà des stats, il y a le ressenti et l'impression que ce gamin prodige apprend plus vite que les autres pour être plus fort que les autres.
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Carlos Alcaraz après son sacre à Wimbledon (2023)

Crédit: Getty Images

"Novak ne va aller nulle part"

Il y a un mois, à peine, c'est perclus de crampes de stress qu'il avait rendu les armes face à Novak Djokovic. L'impression laissée par cette demi-finale décevante à Roland-Garros était claire : l'Espagnol était encore un peu vert pour gérer l'approche de ces moments dont le Djoker s'est fait une spécialité. Sa découverte encore très récente du gazon avait fait pencher la balance encore un peu plus en faveur du Serbe au moment de pronostiquer cette finale. Alors, quand le premier set est revenu dans l'escarcelle de l'homme aux 23 Majeurs… "Si j'avais perdu cette deuxième manche, je n'aurais probablement pas soulevé le trophée, a d'ailleurs reconnu le héros du jour en conférence de presse. J'aurais probablement perdu en trois sets". Il l'a gagné en cinq.
Cette victoire acte-t-elle un basculement historique du tennis mondial ? Ces considérations historiques semblaient bien loin des premières impressions de l’Espagnol : "Honnêtement, j'ai gagné ce match pour moi, pas pour la nouvelle génération du tennis". Sa réponse prouve au fond qu'il est sans doute bien trop tôt pour tourner la page Djokovic. Les rapports de force dessinés par les derniers mois confirment davantage la naissance d'une rivalité Djokovic-Alcaraz, qu'une prise de pouvoir totale et exclusive de l'Espagnol. "Je ne dirai pas que c'est un passage de témoins car Novak ne va aller nulle part", estime d'ailleurs notre consultant Mats Wilander.
"J'espère que c'est la naissance d'une grande rivalité, pour ma santé, a d’ailleurs souri le Serbe de 36 ans face à cette idée. Il va être sur le circuit pendant un long moment alors que je ne sais pas combien de temps je serai encore dans les parages. Donc on verra, après tout on ne s'est affronté que trois fois. Ce fut trois matches très serrés, dont deux à des stades avancés en Grand Chelem".

Retrouvailles déjà espérées à New York

L'orgueil du Serbe rend d'ailleurs un regain d'intérêt encore plus affirmé pour l'US Open à venir. Il n'a d'ailleurs pas caché avoir déjà envie de retrouvailles pour une revanche. "J'espère pouvoir l'affronter là-bas, a reconnu le Djoker. Pourquoi pas après tout ? Je crois que c'est bon pour notre sport, que le numéro 1 et numéro 2 mondial s'affrontent en finale dans des matches de presque cinq heures, des thrillers en cinq sets. On ne peut pas rêver mieux pour notre sport alors pourquoi pas ?"
Les deux évoluent dans des galaxies dont on peine à imaginer d'autres invités, hormis un grand Daniil Medvedev sur dur, et encore. Djokovic-Alcaraz peut-il devenir un blockbuster à l'image des "Fedal" ou des grands affrontements entre Djoko et Nadal ? L'âge du Serbe empêche naturellement la multiplication dans le temps de ces affiches. Un regret pour Wilander. "J'adorerai que Novak puisse continuer encore trois ou quatre ans s'il le peut, glisse notre consultant. J'aurais presque aimé que Novak ait dix ans de moins qu'on puisse profiter de cette rivalité dix ans de plus. Il y a une telle différence de style entre les deux que c'est plaisant. Carlos a du flair, une puissance folle dans le bras tout en réussissant des amorties divines. De l'autre côté, vous avez le jeu défensif impitoyable de Novak mais qui sait aussi se faire violence pour être agressif quand il le faut. Ajoutez à ce panorama le jeu défensif incroyable d'Alcaraz et vous avez un spectacle incroyable".
Si le 16 juillet 2023 acte donc un fait, c'est que le prodige est en capacité de battre le boss dans des décorums bien plus prestigieux que l'ocre madrilène, condition sine qua non à la naissance d'une vraie opposition. "Ce que j'ai le plus appris de ce match, c'est que je suis vraiment capable de performances comme celle-là, a encore reconnu Alcaraz. Avant ce matin, je pensais, je pense, que je n'étais pas encore prêt à battre Djokovic en cinq sets, sur un match aussi épique. De rester aussi bon physiquement que mentalement pendant cinq heures face à une légende. C'est peut-être ça le plus gros enseignement pour moi aujourd'hui". Pour nous aussi.
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Carlos Alcaraz et Novak Djokovic

Crédit: Getty Images

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