Opinion
CyclismeOpinion | Tadej Pogacar au départ du Giro 2024, gloire et renoncement
Mis à jour 18/12/2023 à 19:30 GMT+1
En 2024, Tadej Pogacar va découvrir le Giro. Faite dimanche, l'annonce a un impact sur le prochain Tour de France. Que "Pogi" y participe ou non, difficile de l'imaginer contester à armes égales la victoire à Jonas Vingegaard. Au point que l'on puisse se demander s'il en a abandonné l'idée, au profit d'un autre dessein : celui de la gloire tout terrain. Est-ce l'heure du renoncement… et pour qui ?
Tadej Pogacar est "le meilleur coureur du monde". L'hommage de Jonas Vingegaard date de cet été. Le Danois venait de mettre K.-O. le Slovène sur le Tour de France, avant de le complimenter ainsi. On pouvait y voir une pointe de vantardise, mais surtout une certaine logique. A l'un le rôle de cycliste absolu. A l'autre celui d'indéboulonnable lauréat de la Grande Boucle. Comme s'ils n'étaient pas vraiment rivaux.
Dimanche, en officialisant sa participation au Tour d'Italie 2024 par le biais du compte Twitter de l'épreuve, "Pogi" a renforcé ce sentiment. Le leader de la formation UAE Emirates va découvrir le Giro et il en sera l'homme à battre. Avec trois "Lombardie", un Tour des Flandres et un Liège-Bastogne-Liège au palmarès, en plus de deux TDF, il pourrait faire un pas de plus dans l'histoire de la petite reine.
Objectif grand huit ?
Rejoindre Eddy Merckx, seul coureur à avoir remporté les trois Grands Tours et les cinq Monuments, est encore une perspective lointaine et conditionnée par le "pari Roubaix", mais elle pourrait l'être un peu moins fin mai. Pogacar est ce phénomène capable de lâcher Van der Poel dans le Vieux Quaremont, de "matcher" avec les sprinteurs, de mettre au pas les grimpeurs, de gagner de février à octobre. Mais il ne sera peut-être pas le garant du suspense en juillet prochain.
Tadej Pogacar compte bien s'aligner sur le Tour de France 2024. Cependant, personne n'a signé le doublé Giro-Tour depuis Marco Pantani en 1998 et un tel enchaînement semble rédhibitoire pour rivaliser avec un Jonas Vingegaard concentré sur sa quête de triplé, sans compter le fait que Primoz Roglic devrait faire son retour dans l'équation. Considérer que "Pogi", 25 ans, abandonne l'idée de reconquérir la plus grande course du monde relèverait de l'extrapolation, certes. Mais un goût d'inachevé point tout de même.
Le duel fantôme
Pogacar-Vingegaard, c'est l'histoire d'un duel qui a polarisé les deux dernières éditions du Tour, et dont j'ai pourtant l'impression qu'il n'a jamais pleinement existé. En 2021, il était question de prémices. L'éclosion du lieutenant d'un Roglic "out" avait suscité un frémissement, sur les pentes du Mont Ventoux, sans pour autant inquiéter la superstar d'UAE Emirates, en route vers un deuxième Tour de France de rang.
Puis en 2022 et 2023, Jonas Vingegaard n'a pas tremblé jusqu'aux Champs. Son premier sacre était plus labellisé "Jumbo-Visma" que symptomatique d'une domination individuelle. Celui-ci a été frappé du sceau d'une étape mythique durant laquelle "Pogi" a pris l'eau. Le deuxième triomphe danois a été assorti d'un matelas de sept minutes d'avance, vis-à-vis d'un Slovène longtemps au contact mais brutalement largué, dont la préparation avait été perturbée par une blessure au poignet.
D'où cette impression étrange de n'avoir jamais assisté à la vraie, grande, joute entre les deux hommes, avec le maillot jaune pour Graal. Sans co-leader. Sans pépin préalable. Sans autre objectif dans la saison, ou presque. Et surtout sans épilogue prématuré. Plaider pour voir un tel affrontement durant trois semaines est un vœu pieux, probablement, et critiquable, sans doute, tant l'éclectisme de Pogacar est appréciable. En écrivant ces lignes, j'y renonce peut-être plus que lui.
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