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Euro féminin 2022 - Bleues : Wendie Renard, une survivante et une capitaine "inattendue"

Cyril Morin

Mis à jour 09/07/2022 à 16:03 GMT+2

EURO 2022 - Dépossédée du brassard lors de l'arrivée de Corinne Diacre à la tête des Bleues, Wendie Renard abordera finalement l'Euro en Angleterre comme la capitaine indiscutable de l'équipe de France. Alors que des joueuses emblématiques de l'OL ont été évincées par la sélectionneuse, "Air France", par son expérience, son profil et sa place dans la groupe, n'a jamais semblé aussi importante.

D’un stade de 4 400 places à Wembley : les dix enceintes de l’Euro

En l'absence de majorité, il faut toujours se méfier des avis définitifs. En football comme en politique. Corinne Diacre l'a sans doute appris, avec le temps. Sûre de son fait et convaincue d'avoir la majorité du groupe France derrière elle, la nouvelle sélectionneuse des Bleues avait eu ces mots catégoriques en 2017 : "Tant que je serai en poste, Wendie Renard ne sera plus capitaine". Cinq ans après, ces paroles ont pris un sacré coup de vieux.
A l'orée de cet Euro 2022, c'est bien la défenseure de l'OL qui aura le brassard vissé autour du bras pour accompagner une nouvelle génération vers des sommets qu'elle n'a pas encore connus en sélection. De quoi forcer un mea-culpa public de Diacre : "Ce que j’avais dit était une bêtise, a-t-elle reconnu auprès de RMC en septembre dernier, au moment d'officialiser l'identité de sa nouvelle capitaine. Aujourd’hui, on fait un pas en avant. Parfois, il m’arrive de dire des bêtises. Je ne change pas mais j’évolue. Je suis toujours têtue malgré tout".
Têtue mais pas aveugle. Car si Wendie Renard est de nouveau capitaine des Bleues, c'est que les circonstances politiques ont fini par s'imposer à Diacre. Dans l'affaire, Renard n'a jamais dévié de sa ligne. En décembre 2019, dans son autobiographie, la défenseure de l'OL racontait ainsi les coulisses de la décision de 2017 avec des mots sévères : "J'ai beaucoup souffert de son désaveu et de sa brutalité". Mais, pour le bien des Bleues, "Air France" reste dans le rang. Mieux, elle reste un exemple.
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Marie-Antoinette Katoto et Wendie Renard avec l'équipe de France féminine contre les Pays-Bas, le 22 février 2022

Crédit: Getty Images

Pas frondeuse, pas silencieuse

Dans le "chaos total" du Mondial 2019 décrit par Amandine Henry, Renard joue son rôle : professionnelle, irréprochable et investie. Quand elle est interrogée sur sa relation avec Diacre, elle botte en touche et répond qu'elle est une joueuse de l'équipe de France, avant tout. Interrogée après la déception de l'élimination en quarts face aux USA, elle refuse d'accabler sa sélectionneuse mais garde sa ligne de conduite : "Il n'y a pas forcément de fixation sur moi, estime-t-elle alors. On a une relation d'entraîneur à joueuse. Je ne suis pas là pour chercher une amitié. Je suis d'abord là pour tout faire pour gagner. Que la relation soit bonne ou pas bonne, à partir du moment où ça se passe bien sur le terrain, c'est le plus important".
Frondeuse en public, Renard ne le sera pas. "On parle de 'gang des Lyonnaises'. On dirait qu’on est des barbares, qu’on ne respecte personne et qu’on veut dicter la loi, se désole-t-elle en novembre 2020. Il y a tellement de choses qui ont été dites, il faut arrêter maintenant". Mais, sans être belliqueuse, elle ne reste pas non plus silencieuse quand les évènements tournent au vinaigre. Elle fait d'ailleurs partie de toutes les réunions de crise organisées par les Bleues pour mettre les choses à plat, notamment en présence de Noël Le Graët, preuve de sa place à part dans le groupe France.
Amandine Henry finalement évincée, Le Sommer plus indiscutable, Gaëtane Thiney mise à l'écart, les regards se tournent alors naturellement vers Renard. Parce qu'au fond, elle n'a jamais cessé d'être une capitaine pour cette équipe. "Forcément, c’était inattendu vu notre relationnel, notre passif, avance alors la défenseure, sans langue de bois. Mais elle (Corinne Diacre) est venue me le proposer, j’ai mûri la réflexion. J’ai surtout accepté par rapport au groupe France. On a un objectif qui est l’Euro, maintenant il faut qu’on se concentre sur le terrain. Petit à petit, sur le relationnel, on fera des efforts toutes les deux encore plus pour améliorer tout ça. Mais le plus important pour moi, c’est le terrain et le professionnalisme, les prestations. C’est mieux de faire des bonnes prestations pour pouvoir ensuite parler à ses coéquipières. C’est toujours mieux".
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Wendie Renard lors de France - Allemagne le 10 juin 2021 à Strasbourg

Crédit: Getty Images

Un vestiaire soulagé par le choix Renard

Un choix adoubé par un vestiaire français soulagé de retrouver Renard dans ce rôle. Parce qu'au fond, Renard n'a jamais cessé d'être la patronne de ces Bleues. "C'est une taulière, un leader naturel, nous confirme Camille Abily, adjointe de Sonia Bompastor à l'OL. Avec ou sans brassard, Wendie est la leader de cette équipe. Elle amène beaucoup de sérénité, beaucoup de confiance, c’est une fille qui ne lâche rien, elle sait quels objectifs elle se fixe. Je sais qu’elle va tout faire pour tirer l’équipe de France vers le haut, elle va motiver les troupes. Ce qui est bien avec Wendie, c’est qu’elle est exemplaire. A partir de là, son exemplarité attire tout le monde, et monte tout le monde vers le haut".
Là où Marie-Antoinette Katoto dispute sa première grande compétition internationale, là où de nombreuses joueuses ont encore une expérience du très haut niveau limitée, Renard est l'assurance tout risque. En Bleue depuis 2011, elle saura donner le cap à ses coéquipières si le bateau vient à tanguer. "Elle est assez discrète mais quand elle parle, elle rassure, elle prend le temps d'aller parler aux filles à part pour leur donner la confiance nécessaire, se souvient Laura Georges, sa coéquipière dans l'axe à ses débuts en Bleus. Elle a cette expérience, elle a été jeune également. Je l'ai vue évoluer : ça reste une joueuse à part, avec ce rôle de leader. Il faut booster les joueuses".
Mais Renard n'est pas qu'une taulière rassurante. A bientôt 32 ans, elle reste l'une des meilleures joueuses du monde, sans discussion possible. La liste de ses récompenses personnelles est longue comme le bras, preuve que c'est aussi et surtout une footballeuse à part. "Sans hésitation, Wendie est l'une des meilleures joueuses du monde, confirme Abily. Elle a eu un moment cette année où elle était moins bien. Mais ce qui est fort avec Wendie, c’est qu’il y a beaucoup de travail et d’abnégation. Alors, en fin de saison, elle est revenue à son meilleur niveau. Depuis les demi-finales de Ligue des champions face au PSG on a retrouvé une très grande Wendie, et c’est ce qui nous a permis de gagner la C1". La même pour l'Euro ? Histoire d'enfin débloquer ce compteur international qui fait presque tâche dans son CV surchargé.
Avec Vincent ROUSSEL
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