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Biceps, cimetière, 26-24 : Le Top 100 des matches de Wimbledon (50-41)

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 07/07/2020 à 16:17 GMT+2

WIMBLEDON - Suite de notre Top 100 des rencontres les plus marquantes du tournoi masculin dans l'ère Open. Nous rentrons ce lundi dans les cinquante premiers. Au menu notamment, trois géants du All England Club au tapis, la mue d'Andy Murray, deux combats épiques de Richard Gasquet et l'invraisemblable marathon entre Kevin Anderson et John Isner, qui a contribué à changer la face de l'histoire...

Le Top 100 de Wimbledon.

Crédit: Eurosport

Dossier réalisé par Laurent Vergne, Maxime Battistella et Rémi Bourrières

50. Rafael Nadal - Robin Söderling

Edition : 2007
3e tour
Vainqueur : Rafael Nadal (Espagne)
Adversaire : Robin Söderling (Suède)
Score : 6-4, 6-4, 6-7, 4-6, 7-5
Rafael Nadal en est tombé à genoux sur le gazon. Comme s'il avait remporté bien plus qu'un simple 16e de finale contre le 28e joueur mondial. Il a raison. C'était un peu plus que cela. Pourrie par des conditions climatiques au-delà du catastrophique, cette édition 2007 n'avance pas. Rafael Nadal et son adversaire, Robin Söderling, entrent sur le court pour la première fois le samedi du milieu de quinzaine. Normal, pour un 3e tour. Ils achèveront leur match le... mercredi suivant, jour habituel de la fin des quarts de finale.
Plus de quatre heures de tennis pour cinq sets d'une rencontre parfois sous haute tension. En réalité, l'Espagnol et le Suédois n'ont vraiment joué "que" trois jours. Le samedi, ils ont plié bagages en ayant à peine eu le temps d'effectuer leur échauffement. Pas de matches le dimanche. C'est donc le lundi que ce duel débute. Il sera interrompu à cinq reprises dans cette seule journée. Dans le tie-break du 3e set, Söderling sauve une balle de match puis la rencontre est stoppée à 7 points partout. Lorsqu'elle reprend à nouveau, le Suédois rafle le jeu décisif puis recolle à deux sets partout avant que la nuit n'interrompe pour de bon les débats.
Le mardi, les deux joueurs ne peuvent rester que 20 minutes sur le terrain. C'est donc le mercredi que ce 16e de finale va se terminer. Il a repris à 4-4 dans la manche décisive et si Söderling obtient deux balles de break à 5-5 puis sauve quatre nouvelles balles de match, Nadal finit par avoir le dernier mot, 7-5. "C'est le match le plus dur de ma carrière, assure le Majorquin. Je suis sur le circuit depuis cinq ans et je n'ai jamais connu quelque chose comme ça."
Il savoure d'autant plus que la rencontre a été émaillée de moments de tension, notamment lorsque Söderling s'est mis à imiter son adversaire, provoquant l'hilarité ou des sifflets dans le public. Nadal n'a que peu goûté cette attitude, pas plus que le refus du Suédois de lui dire bonjour à chaque fois que les deux hommes se sont croisés dans le vestiaire au fil des jours. "Même quand je lui répétais plusieurs fois 'bonjour', il n'a jamais répondu. Ce n'est pas correct", râle Rafa. Ce n'est que le début de leur histoire commune. Ils disputeront d'autres duels fameux et plus sages, du côté de Roland-Garros...

49. Sergiy Stakhovsky - Roger Federer

Edition : 2013
2e tour
Vainqueur : Sergiy Stakhovsky (Ukraine)
Adversaire : Roger Federer (Suisse)
Score : 6-7(5), 7-6(5), 7-5, 7-6(5)
Dans ce Wimbledon 2013, on pense avoir tout vu avec l'élimination dès le 1er tour de Rafael Nadal. On se trompe. Le vrai choc, la sensation historique survient au tour suivant avec la sortie de route de Roger Federer, tenant du titre. Une défaite qui a marqué la fin d'une des plus extraordinaires séries de l'ère Open puisque le Suisse restait sur 36 quarts de finale en Grand Chelem. Il fallait remonter à Roland-Garros 2004 pour trouver trace d'un Majeur sans sa présence parmi les huit derniers prétendants.
Avec le recul, 2013 marquera un point bas pour Federer avec une petite descente aux enfers les semaines qui suivront. Mais sur le coup, personne n'envisage que le Bâlois puisse chuter contre cet Ukrainien classé au 116e rang à l'ATP. Il n'y aura pourtant rien à redire. Malgré la perte du 1er set, Sergiy Stakhovsky signe une victoire amplement méritée. Federer est loin d'être mauvais (contrairement à sa défaite face à Robredo deux mois plus tard à l'US Open, à l'issue de laquelle il qualifiera son niveau de jeu de "nul") mais Stakhovsky est en état de grâce, notamment au filet.
Sept ans après, demeure évidemment la portée "historique" de cette rencontre, mais c'est avant tout un formidable match de tennis sur herbe, perlé de 129 coups gagnants (dont 72 pour Stakhovsky). Jusqu'au bout, on se dit que le maître des lieux finira par trouver une porte de sortie, comme contre Benneteau un an plus tôt. Mais Sergiy Stakhovsky ne tremble pas, notamment dans le jeu décisif du 4e set. Au contraire, à 6-5, c'est Federer qui craque en revers au terme d'un long échange. Depuis son avènement en 2003, c'est l'unique fois, en 17 participations, où le Suisse a disparu avant les quarts de finale.
"Plus tard, je pourrais raconter à mes petits-enfants que j'ai botté les fesses de Roger Federer", s'amuse l'improbable héros du jour en quittant le court, avant de se montrer plus respectueux : "Roger est une légende. Quand vous l'affrontez sur ce court, vous affrontez non seulement le joueur mais aussi la légende qui l'accompagne, ses sept titres à Wimbledon, etc. C'est une immense joie et un immense honneur." Avant ce match, Sergiy Stakhovsky avait affronté à 20 reprises un membre du Top 10. Son bilan ? 0 victoire, 20 défaites.

48. Pete Sampras - Andre Agassi

Edition : 1993
Quart de finale
Vainqueur : Pete Sampras (Etats-Unis)
Adversaire : Andre Agassi (Etats-Unis)
Score : 6-2, 6-2, 3-6, 3-6, 6-4
Aussi incroyable que cela puisse paraître, seules 2 des 34 confrontations entre Pete Sampras et Andre Agassi sont allées aux 5 sets : leur demi-finale de l'Open d'Australie 2000 et, donc, ce quart à Wimbledon en 1993.
Si les paris sportifs avaient autant eu la cote à l'époque, ils auraient été déboussolés au moment d'estimer cette affiche, qui rassemble en effet sa part de mystère. Agassi est tenant du titre, tandis que Sampras n'a pas encore remporté le premier de ses 7 sacres dans le Temple. Agassi mène 4-3 dans les face-à-face mais Sampras a gagné le plus important, en finale de l'US Open 1990. Et c'est lui le n°1 mondial, depuis quelques mois
En plus de ça, les deux hommes sont arrivés en proie à quelques soucis physiques. Surtout Agassi, victime d'une blessure au poignet qui l'a contraint à manquer Roland Garros et qui le poussera à se faire opérer en fin d'année. Mais à Wimbledon, il reverdit. Il compense avec un étrange geste de service "raccourci" à la Jay Berger (ou Sara Errani pour les plus jeunes), et ça fonctionne.
Mais contre Sampras, c'est une autre limonade. Déchaîné, le Californien remporte les deux premiers sets en une heure. C'est en se forçant à monter davantage au filet, pour empêcher son rival de le faire, qu'Agassi parvient à dérégler la machine et revenir à 2 sets partout.
Ce match vaut surtout pour son 5e set, magnifique. Sampras, qui sert un peu avec le frein à main pour préserver son épaule, demande un traitement médical et repart de plus belle. Il breake une première fois, Agassi revient mais Pete accélère une deuxième fois. Et là, c'est la bonne.
Libéré, Sampras va ensuite voltiger jusqu'à remporter son premier Wimbledon, puis les deux autres qui suivront. Agassi, comme souvent, lui aura servi de tremplin.

47. Kevin Anderson - John Isner

Edition : 2018
Demi-finale
Vainqueur : Kevin Anderson (Afrique du Sud)
Adversaire : John Isner (Etats-Unis)
Score : 7-6(6), 6-7(5), 6-7(9), 6-4, 26-24
Un match au long cours, à tous les sens du terme, dont l'interminable épilogue va avoir une incidence historique. Entre Isner, l'habitué du genre – il a encore sauvé deux balles de match au 2e tour avant de filer vers sa première demi-finale en Grand Chelem -, et Anderson, qui vient lui aussi de remporter un marathon face à Federer, on se doute que la rencontre va s'assimiler à un concours de tirs au but. De là à en arriver, cette fois encore, à de telles extrémités...
Déjà, c'est la première fois qu'une demi-finale de Grand Chelem débute par trois jeux décisifs. Anderson remporte le 1er en sauvant une balle de set, Isner le 3e en sauvant deux balles de set. Quant au 2e, il donne lieu malgré tout à un échange de breaks, un événement pour Isner qui en était à 110 jeux de service tenus consécutivement sur ce Wimbledon.
Anderson le breake deux fois de plus dans le 4e pour revenir à 2 sets partout. Puis tient le coup magistralement tout au long d'un fantastique 5e set lors duquel il sert 20 fois pour ne pas perdre. Perclus d'ampoules et au bord des crampes, Isner retarde au maximum son agonie mais sa défaite semble toutefois devenir inéluctable au fil des jeux.
Débuté à 13h11, le vendredi 13 juillet, cette demi-finale s'achève 6h36 plus tard, à 19h47. Soit le 3e plus long match de l'histoire. Un péplum qui va pousser les organisateurs à instaurer l'année suivante le tie break à 12-12 au 5e set. Décision controversée et si peu en phase avec le traditionalisme des lieux... Merci qui ?

46. Richard Gasquet - Stan Wawrinka

Edition : 2015
Quart de finale
Vainqueur : Richard Gasquet (France)
Adversaire : Stan Wawrinka (Suisse)
Score : 6-4, 4-6, 3-6, 6-4, 11-9
Une revanche éclatante, de celles qui marquent une carrière. Si Richard Gasquet n’a pas réussi à accrocher un titre du Grand Chelem à son palmarès, le Biterrois a eu son lot de grands moments dans les Majeurs. Y compris sur la distance des cinq sets, un défi que d’aucuns considéraient, à raison parfois, trop grand pour lui face à certains monstres physiques. Sur ce plan, Stan Wawrinka se pose là, mais il finira pourtant par céder lors de ce quart de finale haletant entre deux des plus beaux revers à une main du circuit.
Frustré par le Suisse en 2013 devant son public de Roland-Garros en huitième de finale (défaite 8-6 au 5e au bout du suspense), Gasquet est peut-être allé chercher ce jour-là le supplément d’âme qui lui a parfois manqué. Car face à celui qui sortait tout juste d’un triomphe majuscule à Paris, il fallait sortir le grand jeu. De là à parler d’exploit, il n’y a qu’un pas que nous ne franchirons peut-être pas, étant donné l’appétence du Français pour le gazon anglais où il avait déjà atteint le dernier carré… huit ans plus tôt. Mais il s’agit assurément d’un de ses plus grands matches.
Mené deux sets à un, il aurait pu lâcher l’affaire, surtout après avoir remis son adversaire dans le match en lui offrant la deuxième manche sur une double faute. D’autres se seraient d’ailleurs résignés à sa place. Mais il a continué à y croire, provoquant à son tour une double faute adverse pour remettre les compteurs à zéro. La partie, moyenne qualitativement jusqu’alors, change de dimension, dans un ultime acte aussi beau qu’irrespirable.
Servant pour le match à 5-3, Gasquet a vu un "Stanimal" énorme revenir à hauteur. Mais là encore, il ne s’est pas laissé submerger. Offensif, le Biterrois a fait admirer sa technique léchée à coups de demi-volées de revers splendides – on en a l’habitude – et un fighting spirit insatiable – qu’on lui connaissait moins – pour décrocher le pompon au terme d’un break fatidique lors du 20e jeu. Cela méritait bien de finir allongé sur le dos, extatique. On aura rarement vu le Français si expansif, partageant un plaisir fou, celui d’avoir vu ses initiatives payer et d’avoir triomphé mentalement d’un des cadors du circuit dans ce domaine, menant ainsi la vie dure aux caricatures.

45. Pete Sampras - Goran Ivanisevic

Edition : 1995
Demi-finale
Vainqueur : Pete Sampras (Etats-Unis)
Adversaire : Goran Ivanisevic (Croatie)
Score : 7-6(7), 4-6, 6-3, 4-6, 6-3
Le débat sur la vitesse du jeu n’est pas une obsession contemporaine. Consubstantiel au tennis et à son évolution, il était déjà au centre des conversations dans les années 1990. Et il fut relancé, une fois de plus, après le deuxième titre remporté par Pete Sampras à Wimbledon aux dépens de Goran Ivanisevic en 1994 (7-6, 7-6, 6-0). Dans ce duel impressionnant de services canons, rendus plus rapides encore par une météo chaude et ensoleillée, la part des échanges fut réduite à la portion congrue. Assez pour entraîner une décision majeure des organisateurs pour l’édition suivante du tournoi.
Quand Sampras et Ivanisevic se retrouvent alors en demi-finale au All England Club en 1995, les balles ont été changées et ont perdu en vivacité. Double tenant du titre et garant de la tradition, le Californien s’adapte, conscient que la nature profonde du jeu sur un gazon identique n’en sera pas bouleversée. "Ces balles affecteront les joueurs qui ne servent pas très bien. Quand l’année dernière, un service médiocre était aidé par des balles plus dures, cette année on aura un peu plus de temps pour le retourner", confie-t-il.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Pistol Pete avait vu juste. La bataille face à Ivanisevic est bien plus acharnée que l’année précédente certes, mais parce que le grand Croate, dans sa bulle une fois n'est pas coutume, sert le feu. Avec 38 aces, il en frappe juste 4 de moins que le record de l’époque pour un match à Wimbledon. Dans le deuxième set, il ne perd d’ailleurs pas un seul point sur sa mise en jeu (20/20). En tout, Ivanisevic marque même 10 points de plus que son adversaire, mais se saborde à l’entame des 3e et 5e sets, offrant deux breaks cruciaux par des doubles fautes et autres erreurs majeures à la volée.
Conscient d’être passé près de la sortie, Sampras s’estimera chanceux après cinq sets disputés à vive allure (à peine plus de deux heures et demie). "Jouer contre Goran, c’est comme être sur des montagnes russes. Il a de loin le meilleur service du circuit, peut-être même de l’histoire du jeu. Ce n’est pas très drôle de lui faire face, mais c’est un immense défi." Cette 20e victoire consécutive à Wimbledon donne ainsi à l’Américain l’occasion d’aller chercher face à Boris Becker en finale son "three-Pete", comme il aime l’appeler dans un jeu de mots que les amateurs de sports US apprécieront. Un triplé qu’il sera le premier à réaliser depuis Björn Borg.

44. Peter Doohan - Boris Becker

Edition : 1987
2e tour
Vainqueur : Peter Doohan (Australie)
Adversaire : Boris Becker (Allemagne de l'Ouest)
Score : 7-6(4), 4-6, 6-2, 6-4
Peter Doohan est mort 30 ans presque jour pour jour après son exploit, terrassé par une forme de maladie de Charcot aussi fulgurante que ne le fut cet exploit, l'un des plus sensationnels de l'histoire de Wimbledon.
Boris Becker, double tenant du titre à 19 ans, semble alors quasi-invincible sur gazon. Il vient de triompher au Queen's en battant d'ailleurs facilement, au 1er tour, un certain Peter Doohan. Ce que l'on sait moins, c'est qu'il est en proie depuis quelques mois à pas mal de questions existentielles, séparé de son coach Gunther Bosch et mal à l'aise avec son statut de superstar.
On connaît moins aussi ce Doohan, grand escogriffe australien d'1,92 m, âgé de 26 ans, un pur spécialiste du gazon, surface sur laquelle il a atteint les huitièmes de finale quelques mois plus tôt à l'Open d'Australie, ce qui lui a entre autres permis de passer de la 301e place mondiale à la 70e avant ce Wimbledon.
Face à ce serveur-volleyeur risque-tout, Boris ne fait pas un mauvais match. Juste un match "normal", moyen, ce qui n'est pas suffisant contre un adversaire auteur lui d'une prestation admirable, et qui semble notamment particulièrement bien lire son effrayant service ce jour-là.
L'Allemand reconnaîtra avoir probablement sous-estimé – comme beaucoup – son bourreau, qui s'inclinera finalement en huitièmes de finale quelques jours plus tard : "Je persistais à croire qu'il allait craquer...", déclare-t-il après sa défaite en 2h56. Mais non. Entre 1985 et 1992, c'est la seule fois où Becker n'a pas atteint la finale à Wimbledon.
Puisqu'il ne manquait ni de talent ni d'humour, même face aux portes de la mort, Doohan, "The Becker Wrecker" - le Démolisseur de Becker -, ainsi qu'il fut ensuite surnommé, aura ce trait d'esprit quelques semaines avant son décès : "J'attends toujours que Pat me fasse mon chèque." Pat Cash, son compatriote, vainqueur quelques jours plus tard de son seul et unique titre du Grand Chelem...

43. George Bastl - Pete Sampras

Edition : 2002
2e tour
Vainqueur : George Bastl (Suisse)
Adversaire : Pete Sampras (Etats-Unis)
Score : 6-3, 6-2, 4-6, 3-6, 6-4
Le dernier match de Pete Sampras à Wimbledon reste aussi son pire cauchemar. Le septuple vainqueur du tournoi ne méritait pas une sortie piteuse, dès le 2e tour, face à un lucky loser classé 145e mondial, sur le court n°2 où les organisateurs lui avaient fait l'affront de le programmer, comme pour, dira-t-il, rajouter son nom à la longue liste des champions aux illusions enterrées dans ce fameux "cimetière."
En cette année 2002, Sampras n'est pas au mieux. Il n'a pas remporté un seul tournoi de l'année, est sorti du top 10, s'est séparé de son coach Paul Annacone... Pour beaucoup, Wimbledon est sa dernière chance de frapper un grand coup.
Mais Sampras y arrive au fond du trou. Sans minimiser la prestation de Bastl, auteur à 27 ans du match de sa vie, l'Américain n'est que l'ombre de lui-même, surtout au service (seulement 8 aces pour 10 doubles fautes), dans ce match qu'il passe toutefois bien proche de renverser lorsqu'il se procure une balle de 5-3 au 5e set.
C'est là que le Suisse aux origines tchèques est grand, très grand pour tenir bon face à la pression de l'immense exploit qui lui tend les bras. Une performance qui restera sans lendemain, Bastl étant battu au tour suivant par le futur finaliste, David Nalbandian. Mais un exploit incroyable malgré tout, pour un joueur qui n'avait jamais gagné un match sur gazon ni un match en 5 sets avant ce Wimbledon...

42. Andy Murray - Richard Gasquet

Edition : 2008
Huitième de finale
Vainqueur : Andy Murray (Grande-Bretagne)
Adversaire : Richard Gasquet (France)
Score : 5-7, 3-6, 7-6(3), 6-2, 6-4
Peut-être le match charnière de la carrière des deux hommes. Celui, en tout cas, où leurs trajectoires se sont inversées. On l'oublie mais, avant ce huitième de finale de Wimbledon en 2008, Richard Gasquet est devant Andy Murray. Il a déjà disputé le Masters. Pas l'Ecossais. Il est dans le Top 10 au classement. Pas Murray. Il était en demi-finale de Wimbledon un an plus tôt. Murray n'a encore jamais dépassé les huitièmes dans un tournoi du Grand Chelem.
L'examen de passage, ce jour-là, est pour le jeune Ecossais, qui doit prouver son aptitude à gagner ce genre de matches, face à ce genre de joueurs. Et ça ne se passe pas bien pour Andy. Sur le Centre court, Gasquet est largement au-dessus de son lui pendant trois sets. Enfin, trois sets, moins un jeu. Le Biterrois mène 7-5, 6-3, 5-4, service à suivre. Malgré une foule d'occasions gâchées (il n'est qu'à 3 sur 17 sur les balles de break à cet instant du match), tout va bien.
Mais d'une probable victoire autoritaire, il va s'enfoncer dans un long tunnel débouchant sur une des défaites les plus frustrantes de toute sa carrière. Débreaké sur une double faute, Gasquet vient d'ouvrir la porte. Elle finira par lui claquer au nez. Andy Murray, soudain magnifique d'audace et de détermination, prend progressivement la mesure du match et de son adversaire. Il remporte la 3e manche au tie-break avec, sur la balle de set, un passing de revers tiré quasiment depuis les tribunes. Le Centre Court explose. Gasquet aussi.
Le Britannique domine assez nettement les deux dernières manches et s'impose juste avant l'interruption à cause de la nuit, à plus de 21h30 heure locale. La chrysalide Murray a définitivement opéré sa mue au cours de cette folle remontée et l'image de Muzz montrant son biceps au public londonien était explicite. A l'issue de ce tournoi, Murray passera devant Gasquet au classement. Les trajectoires des deux joueurs ne se sont plus jamais inversées. C'est clairement le jour où Murray est devenu un champion.

41. Roger Federer - Andy Murray

Edition : 2012
Finale
Vainqueur : Roger Federer (Suisse)
Adversaire : Andy Murray (Grande-Bretagne)
Score : 4-6, 7-5, 6-4, 6-3
"L’autre jour, après avoir gagné ma demi-finale, on m’avait dit : ‘C’est sûrement ta meilleure opportunité de gagner un Grand Chelem, vu que Roger est trentenaire maintenant…’ Il se débrouille pas mal pour un vieux de 30 ans." Andy Murray a le sens de la formule, même dans les situations les plus complexes à gérer. Ce 8 juillet 2012, il vient ainsi de voir le Graal – une victoire en Majeur – lui échapper pour la quatrième fois lors d’une finale, et ce devant un public britannique qui n’a plus vu un des siens s’imposer depuis Fred Perry en 1936.
L’émotion est donc à son paroxysme pour l’Ecossais qui n’en perd pas pour autant sa lucidité. Car il a dû s’incliner face à un joueur de retour au sommet de son art et du classement mondial par la même occasion. Malgré une quinzaine mouvementée qui l’a vu suer à grosses gouttes face à Julien Benneteau au 3e tour, se bloquer le dos contre Xavier Malisse en huitième, avant de réduire au silence Novak Djokovic, Roger Federer a réussi son pari : renouer avec la victoire en Grand Chelem deux ans après son dernier fait d’armes à Melbourne. Et véritable cherry on the cake, l’accomplir devant ses filles, témoins privilégiés dans sa box du Centre Court.
Cette 17e couronne majeure, la 7e à Wimbledon – ce qui fait de lui alors l’égal de l’une de ses idoles d’enfance Pete Sampras –, le Bâlois a dû aller la chercher avec la manière. Dans les analyses, le déploiement du toit à cause de la pluie en début de troisième set est assez largement considéré comme le point de bascule de cette finale. Et pourtant, bien que resplendissant en conditions indoor – à l’image de cette amortie de coup droit décroisée irréelle en reculant qui fera s’exclamer Tim Henman au micro de la BBC "This is delicious !" –, Federer avait peut-être fait le plus dur avant. En résistant à un Murray survolté dans le deuxième acte pour revenir à hauteur à l’issue d’un échange remarquable conclu au filet.
La suite est effectivement un récital du Maestro parti à la reconquête de son jardin. Il consolera d’ailleurs son adversaire en lui prédisant un succès futur en Grand Chelem. Sous la houlette d’un Ivan Lendl dont l’influence se fait déjà sentir, Murray recevra parfaitement le message. Il prendra sa revanche sur le même gazon en finale des Jeux un mois plus tard avant d’enchaîner à Flushing Meadows, puis d’inscrire définitivement son nom dans l’histoire du tennis britannique au All England Club un an plus tard.
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